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Et si pour dissiper les craintes des africains sur les vaccins, les pays africains mettaient sur pied des unités de production de vaccins anti-covid ?

Et si pour dissiper les craintes des africains sur les vaccins, les pays africains mettaient sur pied des unités de production de vaccins anti-covid ? C’est la question que je me suis posé à lisant les multiples textes complotistes circulant sur les réseaux sociaux. Ces textes largement diffusés entretiennent les réticences des africains à se faire vacciner contre la Covid-19. Pour preuve, selon l’OMS, les Africains représentent moins de 1 % des personnes vaccinées dans le monde à ce jour.

De plus en plus de personnes croient que la covid-19 est un plan orchestré pour réduire la population sur terre. Donc, les vaccins « importés » sont considérés comme des armes d’élimination douces. Pourtant, la course aux vaccins dans laquelle s’inscrivent les puissances mondiales traduit l’enjeu géopolitique que revêt la vaccination contre cette pandémie. La confrontation entre le Royaume Uni et l’UE autour de l’acquisition des premières doses du vaccin AstraZeneca révèle à suffisance l’importance de l’antidote. Tandis que l’Europe opère le déconfinement progressif et prévoir un retour à la normal d’ici quelques semaines, en Afrique nous faisons face à la problématique d’assurer une couverture vaccinale acceptable. 

A ce jour, les vaccins semblent être le moyen le plus sûr pour freiner les effets néfastes de la pandémie. Au Cameroun, même si la courbe épidémiologique a baissé[1], on n’est pas à l’abri d’une résurgence. Les réticences ont gagné du terrain et résistent plus que le besoin de se protéger. Dans un tel contexte, il importe de développer de nouvelles stratégies susceptibles d’augmenter le taux de vaccination.

La production des vaccins anticovid sur le continent peut aider à réduire la réticence des populations de plus en plus méfiantes des produits venant de l’occident.

Parmi les stratégies à développer, la proposition du président sud-africain Cyril Ramaphosa[2] est à considérer. Il s’agit de renforcer la coopération africaine pour assurer la production maximale de vaccins anti-covid. Non seulement, c’est une alternative qui limite la dépendance stratégique de l’Afrique ; c’est surtout une stratégie supplémentaire qui peut contribuer à rassurer les populations tout en réduisant l’effet des fake news.

Lors de la visite du Président Macron de la France. Le Président Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud profite pour présenter sa proposition d’une coopération africaine pour produire les vaccins en Afrique

Pour que cela puisse être possible, les gouvernements, les organisations sous régionales et continentales telles que l’UA doivent unir les efforts pour matérialiser cette idée. Ainsi, il consiste à créer des industries durables pour la fabrication des doses de vaccins en quantité suffisante. Cela nécessite au préalable la mise sur pied des réseaux d’approvisionnements sous régionaux. En effet en Afrique, il existe très peu d’industries et de laboratoires capables de fabriquer des vaccins. L’Afrique du Sud et le Sénégal sont les seuls pays d’Afrique subsaharienne abritant des unités de production à la pointe de la technologie. « L’Afrique fabrique 1% des vaccins nécessaires à ses 1,3 milliard d’habitants, selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies »[3]

Mesures à prendre pour mettre sur pied des entreprises de production de vaccins en Afrique

La plupart d’entreprises de fabrication se consacre exclusivement à l’emballage et à l’étiquetage des vaccins. Les principaux obstacles de la production des vaccins est l’appui financier et la structuration des marchés pharmaceutiques. En effet, la conception et la production des vaccins imposent des investissements conséquents qui s’inscrivent sur le long terme dans un cadre stratégique clairement défini. Elles impliquent :

  • la mise sur pied d’un cadre règlementaire régionale viable ;
  • la définition d’un mécanisme de chaine d’approvisionnement ;
  • Mettre en œuvre des procédures et des pratiques efficaces de fabrication et production à grande quantité ;
  • les contributions financières régulières des Etats africains tirés par les puissances continentales ;
  • la formation et le développement des compétences nationales de qualité
  •   l’amélioration du secteur de la R&D pour améliorer l’offre de la pharmacopée traditionnelle et assurer le transfert technologique
  • Le développement de partenariats internationaux dans le secteur pharmaceutique

L’implémentation de cette proposition du président sud-africain aidera certainement à assurer une large couverture vaccinale. Le président sénégalais Marky Sall adhère à cette initiative et est disposé à sa mise en place rapide. Toutefois, la pandémie n’attend pas pour faire des victimes chaque jour ; en espérant que cette idée du président sud-africain soit une réalité en Afrique, il nous revient de faire confiance aux mesures prises pour préserver nos vies et celles de nos proches. Contrairement aux théories de complot, la vaccination reste le moyen le moins risqué nous protégeant contre le coronavirus.


[1] https://lurgentiste.com/seulement-1226-nouveaux-cas-confirmes-en-7-jours-au-cameroun/

[2] Lors d’une conférence de presse à Pretoria avec le Président Français Emmanuel Macron, en Afrique du Sud, le 28 mai 2021

[3]https://www.bbc.com/afrique/region-56888429

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