L’eau c’est la vie. Pour une meilleure qualité de l’eau au Cameroun, l’Etat se doit prioriser la bonne gouvernance de l’eau.
Chez nous, on aime bien dire qu’impossible n’est pas camerounais. Parfois on prend à la légère le sens de cette expression qui pourtant se manifeste dans notre quotidien. En échangeant régulièrement avec un camerounais, il te racontera une expérience personnelle qu’il a vécu et qui relève du miracle.
Le miracle peut se définir comme un fait extraordinaire et surnaturel, que le croyant attribue à une intervention divine providentielle et auquel il donne une portée spirituelle. Pour les croyants chrétiens particulièrement, le miracle est la manifestation d’une forte espérance et d’une confiance inébranlable vis-à-vis du Créateur. Le miracle qui marque plus les chrétiens [et même les adeptes de Bacchus] est le premier miracle de Jésus Christ à Cana : Transformer l’eau en vin (Jean 2 : 1-12). Phénomène extraordinaire qui a certainement rendu les noces plus belles quand on sait la symbolique du vin lors des festivités.
CAMWATER fait le miracle à Yaoundé
Plus de 2000 ans après le miracle du Christ, à Yaoundé, nous vivons ce phénomène incroyable dans nos domiciles. Miracle : Chaque rare fois que le robinet nous offre son précieux liquide en journée c’est la clameur au quartier. Directement commence la musique de l’eau : une symphonie plus ou moins harmonisée d’un liquide se déversant dans des récipients. Le son diffère en fonction de l’intensité de la pression et de la qualité du récipient.
Un miracle pouvant cacher un autre, le second miracle est découvert quand le récipient rempli est mis de côté : Ce qui est censé être incolore, inodore et sans saveur, ressemble étrangement au vin rouge, parfois au vin rosé ou au vin blanc.
Sauf qu’à l’opposé du ressenti des convives des noces de Cana, la satisfaction disparaît de notre être à la vue de ce qu’on a recueilli. Dès lors, la clameur laisse place à la réflexion et à la crainte. Si le miracle du Christ nous fait espérer en une vie remplie de joie, celui de CAMWATER nous met instinctivement en mode survie. En effet, comment peut-on vivre sans eau ? Comment espérer apprécier les grands moments de notre vie, quand nous sommes exposés aux multiples problèmes liés à la mauvaise qualité de l’eau ?
Hygiène et Santé : « l’homme noir ne meurt pas de saleté » et pourtant…
L’impact direct de la qualité de l’eau se ressent sur la santé des populations. La difficulté d’accès à une eau de qualité est un obstacle pour notre bien-être. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 80% des maladies sont d’origine hydrique. Chaque jour, 650 personnes, principalement des enfants de moins de cinq ans, meurent de diarrhée en Afrique[1]. Dans notre contexte de pauvreté galopante et de pandémie Covid-19, les populations sont régulièrement exposées aux maladies endémiques surtout celles liées à l’eau comme la diarrhée, la typhoïde, le choléra, la malaria ou la dysenterie.
Aussi, dans certains quartiers urbains et en milieu rural où l’eau est rare, il est facile de constater que les tuyaux percés, les rivières, et les mares d’eau temporaires sont utilisés comme source d’approvisionnement d’eau. D’ailleurs, il est facile de tomber sur un rang de personnes puisant l’eau coulant d’un vieux tuyau cassé. Cela contribue à la propagation de maladies et par la conséquent à la mortalité. Aujourd’hui, la Covid-19 n’arrange pas la situation avec en un suivi sanitaire dégradé en milieu urbain comme en milieu rural.
Eau et Agriculture : Il faut boire qualité pour bien manger…
Pour que le miracle de l’eau transformé en vin se réalise, il faut déjà que le miracle de l’accès à l’eau se fasse. Ce n’est pas toujours le cas malheureusement. En effet, cette rareté ne permet pas de développer une activité agricole viable pouvant répondre à la demande alimentaire nationale. Cela contribue à perpétuer la logique d’importation massive de la nourriture au détriment des petits agriculteurs et au pouvoir d’achat de la ménagère.
Pourtant un pays du Golfe de Guinée comme le Cameroun dispose de toutes les ressources naturelles nécessaires pour booster le secteur agricole afin d’être autosuffisant (l’offre alimentaire répond à la demande populaire) ; ou d’être le grenier de l’Afrique. Le Golfe de Guinée détient 24% du potentiel hydrique du continent. En revanche, la région de l’Afrique du Nord est la plus désavantagée avec moins de 1% des ressources renouvelables alors qu’elle représente 19% de la superficie de la région [2].
Cela suppose donc qu’une bonne gouvernance liée à la distribution et l’assainissement de l’eau est une condition préalable pour un développement national.
Bonne gouvernance de l’eau : Décentralisation et Compétitivité comme piste de solution
La question de l’accès et de l’assainissement de l’eau devrait être une priorité du développement socioéconomique et de bonne gouvernance au Cameroun. Surtout que cette ressource essentielle pour l’être humain est un bien limité. D’après l’ONU, chaque dollar investi dans des installations sanitaires de base dans les zones les plus touchées par le manque ou la mauvaise qualité de l’eau, offre en moyenne un retour de cinq dollars grâce aux économies de la population aidée en frais médicaux et à l’accroissement de sa productivité.[3] En effet, le problème de l’eau au Cameroun s’assimile à un problème d’organisation des services publics de distribution d’eau. Surtout quand on apprend que “le Cameroun est un pays qui dispose du 3e potentiel hydraulique du continent africain, c’est-à-dire qu’il possède de l’un des premiers réservoirs d’eau souterraine et d’eau de surface en Afrique (FAO).”[4]
Pour l’amélioration de la qualité de l’eau et en quantité, Il semble opportun de miser sur la solution de diversification du nombre de prestataires de ce service au Cameroun. Avoir plusieurs sociétés compétitives stimulerait possiblement le service de distribution d’eau. La compétitivité peut s’avérer être une solution viable à une gestion questionnable. En d’autres termes, la centralisation de la production et de la distribution de l’eau est frein important à l’accès de l’eau. Impliquer les entités décentralisées et les entreprises privées dans la gestion de l’eau au Cameroun, boostera la qualité de l’eau et réduira inévitablement le déficit dans des zones rurales.
Cela suppose également une amélioration certaine dans l’organisation institutionnelle (structurelle) et fonctionnelle de l’Etat. A cet effet, dans un cadre décentralisé, une concertation/collaboration entre populations/élus locaux, prestataires et Etat pourra faciliter la mise en place d’une politique hydraulique d’aménagement territorial efficace.
Au final, au lieu de nous faire le miracle de l’eau transformé en vin, on aimerait bien celui de marcher sur l’eau sans se noyer car #WaterIsLife #LeauCestLaVie. L’article d’Etienne Talla de demain, nous ne le prouvera davantage.
Cet article s’inscrit dans le cadre d’une campagne citoyenne contre la pénurie de l’eau qui sévit en ce moment au Cameroun et initiée par Carole Leuwe et Frank William Batchou. Plusieurs bloggeurs camerounais se sont associés à cette campagne #LeauC’estLaVie #WaterIsLife. Chacun y va de sa sensibilité et de son angle de traitement. Nous vous invitons à lire en suivant les mots-dièses mentionnés plus haut. Campagne lancée depuis le 3 janvier 2022 et cours jusqu’au 1e février 2022
[1]https://www.idrc.ca/sites/default/files/sp/Documents%20FR/ict4d-article-water-dieng-fr.pdf
[2]https://www.idrc.ca/sites/default/files/sp/Documents%20FR/ict4d-article-water-dieng-fr.pdf
[3]https://www.linfodurable.fr/educationcitoyennete/lacces-leau-dans-le-tiers-monde-un-probleme-loin-detre-resolu-24555
[4]https://mapanes.fsquarecorporation.com/leau-cette-denree-precieuse-devenue-si-rare/
4 Comments
Kevin Gautier
Tellement de miracle dans notre pays😅🙏
Bel article 👍
Donald Tchiengue
Merci Chef
Pablo
😂😂On jour ça ira🙏